Ça fait plusieurs mois que j’y pense, que ça me trotte dans la tête, que j’ai envie d’en parler sans trouver le courage de le faire publiquement.
Si je le fais aujourd’hui, c’est parce que je vois son nom régulièrement sur les réseaux (nous avons beaucoup de contacts en commun) et chaque fois que je vois son nom, je ressens du stress, je me souviens du malaise que j’ai ressenti cet été et je me dis que lui ne ressent probablement rien d’autre que de l’indifférence.
Alors voilà, ça faisait un petit bout de temps que je connaissais ce mec sur les réseaux sociaux rôlistes. On avait sympathisé, il était plutôt drôle et affichait une empathie que je pensais sincère à mon égard, il arrivait qu’il prenne de mes nouvelles et semblait avoir une certaine amitié pour moi.
Était-ce une amitié réelle ou feinte dans l’espoir de me baiser ? Je n’en sais rien, je pencherais plutôt pour la deuxième étant donné ce qui va suivre.
Cet été, il était de passage dans ma ville, il a proposé qu’on se capte. Un peu ambigu à certains moments, je ne souhaitais pas le voir seul à mon domicile malgré la bonne entente globale que nous avions. J’avais un espèce de pressentiment quant au fait qu’il essaierait de me serrer s’il en avait l’occasion mais je n’étais pas du tout intéressée. J’étais loin d’imaginer la lourdeur dont il allait faire preuve.
J’ai préféré organiser une soirée, entourée d’autres rôlistes. C’était l’occasion de faire un truc sympa avec quelques joueurs et de discuter un peu en mode convention, ce qui me manquait. Et puis, entourée, il ne tenterait rien de gênant.
La soirée est alcoolisée, je suis bien bourrée, tout le monde est à peu près bourré. Je n’ai d’yeux que pour mon futur amoureux venu ce soir là. Certains restent dormir à cause de l’alcool dont ce fameux mec venu de loin.
Déjà au moment de la soirée, il se montre un peu relou. Par exemple, alors que j’embrasse dans un coin mon futur homme, il se colle à nous genre et me caresse en mode « et si on faisait un truc à trois ? » J’avoue que je sais plus trop ce qu’il a dit avec l’alcool mais je me suis dégagée et je suis allée vite me coucher, rejointe par mon futur mec qui ne m’a pas touchée car j’étais bourrée et qu’il connaît la notion de consentement.
Le lendemain, je me réveille avec une certaine gueule de bois, pas très fraîche mais ce qui allait me donner la gerbe ce matin là, c’était pas le trop plein d’alcool de la veille. Mon futur mec doit partir tôt car il bosse, je me retrouve seule avec l’autre mec, celui venu de loin, celui dont j’ai envie qu’il reste loin de moi pour toujours à présent.
Je me lève, je propose un petit déjeuner. Je me crois à l’abri car vu qu’un mec a passé la nuit dans ma chambre, je suis alors persuadée que ça envoie un message clair en mode « cette place est occupée, ne tente rien, t’es gentil mais fais pas ton relou ».
La veille, j’avais demandé s’il était OK pour m’aider à réceptionner un canapé qu’on me livrait à domicile. Toute seule, j’avais peur de galérer et il avait accepté. On attendait sagement le début d’après midi jusqu’à la livraison. Je pense que quand j’ai dit « ça te dérange pas de m’aider à monter le canapé ? », le mec a dû comprendre « ça te dérange pas de me démonter sur le canapé ? »
En attendant, on met un film coréen, Le dernier train pour Bussan. Et là, il commence à vouloir me bouffer comme les infectés dans le film. Ce que je décris a dû durer une demi heure, peut-être plus. Il commence à se coller à moi, à me caresser. Je me décale sans arrêt, manifestant le fait que « non, je ne veux pas », d’ailleurs je l’exprime même à voix haute. Je change régulièrement de place dans mon salon. Il me rattrape par le bras pour que je reste près de lui et il me sort même une phrase de vieux dégueulasse : « Viens voir Tonton ».
« Viens voir Tonton ».
Ça m’a glacée sur le coup et ça me fait bader encore aujourd’hui.
Il a dit ça en se marrant légèrement comme s’il captait pas qu’il était tellement lourd et stressant, comme s’il pouvait pas imaginer que j’étais mal à l’aise.
Voyant qu’il ne pourrait pas me baiser, il a pris ses affaires, me disant que bon pour le canapé, il pouvait pas rester finalement car il avait de la route. J’ai ressenti un grand soulagement à ce moment là. Je me suis dit : « Oui, pars ».
Une fois la porte refermée, je n’ai pas réussi à me calmer. J’ai fait le tour de mon appartement plusieurs fois, je ne me sentais plus en sécurité. J’ai nettoyé de manière compulsive mon salon, j’ai aéré, j’ai descendu les poubelles. J’aurais dû le faire bien plus tôt dans la matinée car j’avais pas mal d’ordures dans mon salon visiblement.
Je n’ai plus écrit à ce mec qui m’a relancée par MP, en mode « hey merci pour la soirée, c’était super ». Silence de mon côté. Il m’a reprochée par la suite de l’avoir unfriend, il disait qu’il ne comprenait pas.
Je ne répondais plus à ses messages.
Je me sentais trahie, ce mec s’était approché de moi dans un but bien précis qui était celui de me baiser visiblement et un non était difficilement envisageable de son point de vue. Pour lui, il a juste sans doute « tenté » un truc, pour moi, il a été un forceur de l’extrême.
Alors voilà, il lira peut être ceci et il connaîtra mon point de vue sur la chose, enfin.
Peut-être qu’il t’arrive de faire de belles choses pour les autres et cette part-là, je l’appréciais mais tu m’as montré ce jour-là un visage sombre et inquiétant qui m’a fait du mal.
Je n’ai pas balancé ton nom mais j’espère que ceci te donnera tout de même à réfléchir sur le comportement à adopter envers un autre être humain, que tu chercheras à devenir une meilleure personne. Tu n’as pas envisagé mon consentement ni mes sentiments, tu ne t’es pas posé la question de ce que je pouvais ressentir. De la peur, de la gêne, du dégoût, du malaise, de la déception.
Merci de m’avoir lue.